Cet article est dédié à un ami et père, brillant polyglotte et admis au concours de proviseur, Florian ROBARDET D’ESTRAY, légion d’honneur à titre posthume, qui s’est suicidé dans la nuit du 4 au 5 août 2016, laissant derrière lui deux filles…
Aujourd’hui en France, en métropole et outre-mer, environ 1.700.000 enfants ne voient pas du tout, peu (WE) ou beaucoup trop peu (< 15 j/an) l’un de leurs deux parents…à 88% leurs 680.000 pères, à 12% leurs 92.000 mères. Et ceci souvent pendant de très longues années…
Beaucoup de ces pères se sont hélas suicidés, comme mon ami Florian, le 5 août 2016, révoltés, désespérés, anéantis, le coeur et les tripes arrachés par l’absence de leurs enfants, près de 1.000 suicides par an, dont on ne parle jamais, des pères niés jusque dans leur mort, laissant derrière eux des milliers d’orphelins affaiblis et blessés à vie, enfants qui ont perdu, en ces instants de désespoir, des racines profondes et indispensables, d’où qu’elles viennent.
Cette absence est une souffrance terrible et quotidienne, un vide béant, souvent une chambre vide, et pour les enfants privés de leur deuxième parent, qu’ils voudraient voir plus, avec qui ils voudraient partager leurs doutes, leurs tristesses, leurs joies, leurs jeux, et leurs nombreuses questions…
Vous avez tous entendu parler des immenses fêlures de Johnny Hallyday, séparé de son père belge très jeune, et qui, lui, fera tout, une fois qu’il sera père lui-même, pour rassembler David et Laura, puis ses 4 enfants autour de lui, chaque fois qu’il le pourra.
Vous avez aussi entendu parler de meurtriers en série, sans repères, sans cadre, tels que les frères Kouachi (janvier 2016, Charlie Hebdo), les 2 frères Fabien et Jean-Michel Clain , terribles convertis, devenus islamistes et endoctrineurs, puis propagandistes de l’état islamique (EI/Daesh), actifs dans la cité du Mirail à Toulouse (clan des Belphégors), revendiquant les meurtres du 13 nov’2015, séparés jeunes de leur père, Jocelyn, ainsi que leur soeur, Anne Diana Clain, islamiste dure (12 enfants chez F, JM & AD Clain), Fleury Mérogis,
Vous avez aussi entendu parler en Norvège d’Anders Brevnik, et de dizaines d’autres jeunes sans père, sans repères, devenus terroristes, djihadistes, et tous séparés de leur père lors de leur adolescence…
Vous savez par contre beaucoup moins que 75% des suicides en France sont le fait d’hommes, dont chaque année 800 à 1000 sont des pères isolés, désespérés de ne plus voir leurs enfants, et ravagés par la douleur, laissant des milliers d’orphelins derrière eux, quand certains ne partent pas avec eux, dans des drames terribles.
Or tous ces drames se construisent sur des erreurs persistantes de jugements, sur des croyances très anciennes, mais complètement fausses… et sur des images d’Épinal datant du Moyen-âge, du chevalier partant à la guerre et de sa femme restant à la maison avec les enfants, ou du père travaillant seul et de la mère au foyer…
Mais hélas, il n’y a plus beaucoup de chevaliers en France, 78% des femmes travaillent, et l’écrasante majorité des enfants naissent depuis 1980 dans des hôpitaux et ont la chance de voir leurs deux parents à la naissance, avec aussi des TGV, des avions, des autoroutes et des facilités de transport et de communication, qui font que les absences éventuelles de celui des parents qui travaille le plus loin, peut revenir plus régulièrement voir ses enfants et s’occuper d’eux.
Oui, nous savons tous qu’en France, environ 78% des femmes travaillent (+fort taux européen, avec Scandinavie et Espagne, loin devant Allemagne), souvent avec des emplois du temps très chargés et prenants : avocates (femmes majoritaires), juges (les juges aux affaires familiales JAF sont à …95% des femmes, ici aussi une égalité hommes/femmes est à rétablir), médecins, profs d’université, enseignantes (femmes majoritaires), chercheuses, dirigeantes d’entreprises, ministres, officiers femmes, soldates, commerciales, vendeuses, comédiennes…
Les mères ont-elles réellement plus de temps aujourd’hui à consacrer à leurs enfants que les pères ?
Non, dans 78% des couples, les deux parents travaillent, et la complémentarité du père et de la mère est essentielle pour faire face aux horaires des deux parents, qu’ils soient cadres, professions libérales, hôtesses, cuisiniers, plombiers, charpentiers, commerçants, militaires, gardiens de la paix ou autres.
Et d’ailleurs, cette pression des horaires de travail sur la famille, horaires choisis ou pas, font que la naissance du 2e ou du 3e enfant est retardée.. ou carrément non envisagée par l’un des deux parents. Or, si le taux des femmes qui travaillent est près de 15% supérieur en France à l’Allemagne, c’est grâce à un réseau de crèches, haltes-garderies et de gardes à domicile beaucoup plus dense et organisé en France.
La France des années 1960-2022 n’a plus rien à voir avec la France du XIXe siècle ou des années 1910. Aujourd’hui , 78% des couples urbains de France travaillent en parallèle. Les pères et les mères travaillent beaucoup et sont absents à tour de rôle pour leur travail ou pour voyager, et laissent donc leurs enfants, soit au parent présent, soit à une tierce personne, un grand-père, une grand-mère, un animateur, une puéricultrice ou une nounou…
Et que se passe-t-il brutalement, lors des trop nombreux divorces ou séparations (50% des couples en Ile-de-France) ?
Dans 85% des cas (hors 4% mères pas intéressées par leurs enfants et 11% de résidences alternées), les pères sont écartés, éloignés, découragés, humiliés et empêchés de remplir leur fonction citoyenne d’éducation et leur rôle de père… et ont droit, dans le meilleur des cas, à deux morceaux de week-ends par mois (3 ou 4j/30) et à la moitié (ou pas) des vacances. Les pères citoyens deviennent donc du jour au lendemain des sous-citoyens, payant plus d’impôts (plus de garde d’enfants à titre principal) mais réduits à 10% de leur rôle de pères citoyens et éducateurs.
Alors que la résidence alternée est plébiscitée par tous les pays d’Europe du Nord, et en particulier la Suède, en France, les juges aux affaires familiales, à 95% des femmes, décident en 10 mn (oui, ces décisions graves sont expéditives, et à la chaîne (mais Charlie Chaplin n’est plus là, pour en faire un film, triste) mais souvent liées.. au seul souhait des mères, alors qu’il s’agit de la vie future et de l’équilibre de milliers d’enfants…) et à 85% les enfants vont être éloignés de leur père et donnés à leur mère, avec un simple droit de garde ou de visite de deux week-ends par mois… et, si tout se passe au mieux, la moitié des vacances scolaires, sans jamais penser aux anniversaires, aux fêtes de Noël ou Pâques, aux mercredis sans école, aux congés nationaux (1er mai, 8 mai, 14 juillet, 25 décembre..) etc…
Mais ce n’est pas tout, la charge financière et le temps du déplacement pour aller chercher et ramener les enfants pèsent sur celui des parents qui est décrété en 10mn isolé, rejeté loin de ses enfants, à 85% des pères, qui ne bénéficient pas de la ‘résidence principale’…
Et rien n’est dit, ni écrit, ni prévu ou amendé en cas de NPE – Non Présentation d’Enfant(s), pas la moindre amende pour le parent récalcitrant, qui ne respecte pas la décision des juges ou les horaires… Rien n’est prévu ! Les Juges aux Affaires Familiales (JAF) créent donc, par leurs décisions oublieuses du futur et incomplètes…un immense et coupable vide juridique.
S’en suivent des EGV – Éloignements Géographiques Volontaires, où certaines mères (ou pères) vont déménager autant de fois nécessaires pour épuiser, ruiner ou décourager les pères (mères), à l’autre bout de la France ou à l’étranger… Ces stratégies d’éloignement visent à les empêcher par tous les moyens de maintenir des relations conviviales et équilibrées avec leurs enfants. Mais, plus grave, alors que l’autorité des parents est officiellement partagée, certaines mères décident seules du changement d’école, souvent avec la complicité ou la négligence des nouvelles écoles, qui ne réclament pas la signature des deux parents…
Qui souffre le plus ? Les enfants ou celui des parents qui est éloigné contre son gré (à 87% les pères) ?
TOUS, de façon terrible, comme la moitié de leur coeur qu’on leur arrache, le jour, la nuit, le dimanche, le jour de Pâques ou de Noël, le jour de leur anniversaire…
Mais les traumatismes sont encore plus lourds chez des enfants jeunes, qui se sentent abandonnés, et pensent qu’ils ont fait des ‘bêtises’ pour ne plus avoir le droit ou la chance de voir leur père.. ou leur mère éloigne (e).
Quelles sont les conséquences de ces déséquilibres tout à fait réparables ?
** 800 à 1.000 suicides de pères, chaque année, certains d’entre eux se suicidant avec leurs enfants…
** des milliers d’enfants orphelins
** 1,7 millions d’enfants perturbés, perdus, isolés, sans repère, sans référence, sans cadre, avec un manque de réponses ou de modèle sous les yeux
** délinquance, absentéisme ou décrochage scolaire, ou des cursus d’études fortement perturbés ou abandonnés…
** 600.000 parents isolés affaiblis, fragilisés ou lourdement perturbés (absentéisme, dépression, alcool, cigarettes…)
** des millions d’heures de travail perdues et des dizaines de milliers de chômages induits chez des pères qui doivent changer d’entreprise, de travail ou de région pour suivre leurs enfants, s’ils ne veulent pas les perdre complètement…
Quelles sont les solutions ?
** des gardes alternées systématiques, sur le même lieu (ex-domicile) ou deux lieux séparés, sauf faute grave et avérée de l’un des deux parents, ou devant l’incapacité mentale ou physique (prison, maladie lourde..) de l’un des parents de s’occuper de ses enfants
** obligation faite aux deux parents de s’entendre et de proposer une solution équilibrée au juge (JAF ou JPE – Juge pour Enfants)
** des décisions dites ‘de Chemnitz’ (juge familial célèbre dans ville allemande) où tout parent qui vise ouvertement à éloigner ou décrédibiliser l’autre parent, verra son droit de garde réduit peu à peu ou au final annulé, en cas de volonté systématique d’aliénation des enfants.
** des médiateurs parentaux et associatifs, qui peuvent être des grand-parents volontaires, ou des adultes expérimentés, présents dans les TGI, de façon systématique, 5 demi-journées par semaine
** des amendes dissuasives de 500€ en cas de NPE – Non Présentation d’Enfants au 2e parent lors de ses journées et droits de garde
** des centres de médiation familiale beaucoup plus nombreux
Les enfants, tous les enfants, ont besoin de l’amour de leurs deux parents pour grandir. Et ce sont ces précieuses minutes d’amour, données par chacun des deux parents, sous le même toit ou non, qui permettront à ces enfants de se construire, de se sentir aimés, acceptés, soutenus, dans l’écoute et le partage, et de pouvoir devenir des citoyens à part entière, qui peuvent marcher sur leurs deux jambes.
Arrêtons de blesser des millions d’enfants et de les obliger à se déplacer dans la vie à cloche-pied, avec peu ou pas d’appui sur l’une de leurs deux jambes (à 87% celle du père), jambe blessée, mise dans l’incapacité de les porter et de faire des pas équilibrés dans la vie, semaine après semaine, avec leurs deux jambes, toutes les deux fortes et équilibrées.
** une présence systématique des deux parents auprès des enfants pour les soutenir, au moins 30% chacun, soit l’équivalent d’au moins 9 jours par mois, avec souplesse en demi-journées ou en activités réparties entre les parents
La situation actuelle d’éloignements (EGV et autres), de déséquilibres et d’absences aboutit à des gâchis humains terribles et à des coûts annuels pour l’économie française de près de 40 milliards d’euros par an…
L’avenir et l’équilibre de la France et de millions d’enfants dans notre pays nécessite des décisions rapides pour sauver nos enfants isolés et leur rendre un futur équilibré de citoyens responsables, capables de marcher sur leurs deux jambes.
Auteur : François P. VALLET, père de cinq enfants extraordinaires
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