RENAULT n’a RIEN à gagner d’une alliance avec Fiat Chrysler
Pire, les actionnaires et clients du groupe français ont tout à perdre !
Tout d’abord analysons les forces en présence et la situation des deux groupes de constructeurs automobiles et leurs réseaux mondiaux
1/ Le Groupe RENAULT, bâti avec Louis SCHWEITZER, Carlos GHOSN, Patrick PELATA (ex-N°2 du Groupe et artisan de la ‘Dream Team’ dépêchée au Japon pour sauver NISSAN) et Carlos TAVARES (ex-N°2 du Groupe) est constitué de
*** RENAULT, 100% Dacia, 100% ALPINE, 80,1% Samsung Motors et 47% de AvtoVaz (Lada) : Environ 4 millions de véhicules (+44% depuis 2014)
*** 43,4% de NISSAN Group, dont 100% DATSUN, 100% DATSUN, 50% de VENUCIA. NISSAN a aussi 34% (minorité de blocage) dans
*** MITSUBISHI Motors
soit un total de près de 10 millions de véhicules produits chaque année, dont plus de 120.000 voitures électriques chez Nissan et RENAULT, avec des gammes renouvelées et une présence mondiale, en particulier sur les marchés européen, américain, chinois, brésilien, russe, marocain, etc… avec des ventes dans plus de 75 pays.
Résultats financiers des années 2016 à 2018 : 3.419M€ / 5.114M€ / 3.302M€ (dt 1509 M€ Nissan)
Total des RN nets 2016-2018 = 11.835 M€ (dont 6.041 M€ Nissan).
Investissements en R&D depuis 2014 : 5 à 7%, soit plus de 15 milliards d’euros investis depuis 2014.
2/ Le groupe FIAT Chrysler (FCA) est en position critique, avec sa marque DODGE aux USA au bord de la faillite, une marque LANCIA abandonnée, une part de marché aux USA qui s’effrite et qui reste inférieure à celle de NISSAN. De plus la gamme de FIAT en Italie s’est réduite et a perdu des parts de marché de façon importante en Europe.
De plus, ce groupe est très en RETARD au niveau technologique et n’a RIEN investi pour les voitures électriques et la transition énergétique vers des énergies propres…
De plus, l’ancien patron charismatique Sergio Marchione est mort en 2018, sans que son remplaçant ait une expérience ou vision du marché comparable…
*** FIAT
*** CHRYSLER, dont DODGE et JEEP, mais seulement 2M véhicules vendus, sur un marché de 17,3 M véhicules, soit une part de marché faible de 12,7%, à peine supérieure à celle de NISSAN et MITSUBISHI (env. 10% ensemble)…
soit un total d’environ 5 millions de véhicules, soit à peine la moitié du groupe RENAULT et surtout des parts de marchés qui s’érodent à l’exception de la seule gamme JEEP, polluante, qui représente 90% des bénéfices du groupe… et … aucune vente en Chine (1er marché mondial avec 25 à 29 millions véhicules/an) et des ventes faibles dans le reste de l’Asie ou en Amérique du sud…
De plus, le marché américain est le plus en retard au niveau des développements technologiques et le moins préparé aux énergies propres et à la baisse de pollution des véhicules. Ce n’est donc ni un MUST, ni un exemple, ni un marché indispensable, au vu de sa perte relative d’importance au niveau mondial. En effet, les immatriculations américaines ne représentent plus que 21,7% du marché mondial, à comparer à 35% en 1975 et à une part estimée en baisse à 15-17% au plus en 2030… du fait du développement plus rapide des autres marchés et du vieillissement de la population américaine.
Investissements en R&D depuis 2014 : 2,8% notoirement insuffisant pour renouveler la gamme, investir sur les énergies propres du futur et notamment l’électricité
Qui a besoin de qui ?
La réponse semble évidente à tous les analystes interrogés par BFM Eco et tous les grands journaux financiers (MM. P. PELATA, G. POITRINAL, JM. DANIELS, ESTOUNAC, Mesdames C. KERDELLANT, L’Usine Nouvelle, B. MATHIEU…)
*** FIAT FCA a besoin du Groupe RENAULT pour survivre, car ce groupe est au bord d’une faillite, programmée et possible dès 2021 ou 2022, s’ils ne trouvent pas une alliance de façon urgente, qui leur permettra à terme de respecter les normes européennes de pollution maximale de 95mg/km pour l’année 2020 et l’ensemble de leur gamme ! Voilà pourquoi aussi ce groupe Fiat FCA ne vaut pas la moitié de sa cotation actuelle en bourse. Ce titre est nettement surévalué, au vu de ses perspectives critiques…
**** RENAULT et le groupe RENAULT n’ont pas besoin de FIAT : Ils sont déjà aux USA et en Chine à travers NISSAN et peuvent renforcer leur alliance prioritaire, mise en place de mains de maîtres par 50 cadres français expatriés au Japon et des équipes de cadres japonais très compétents, qui ont appris à travailler avec les équipes françaises depuis plus de 10 ans dans plus de 30 usines différentes
Ce qui apparaît d’autant plus clair est que les Italo-Américains de FCA visent à préempter les technologies du Groupe RENAULT-NISSAN, à leur avantage, profitant d’un cours de bourse anormalement bas pour RENAULT, qui valorise aujourd’hui les usines, R&D et ventes de RENAULT hors participations (voir ci-dessous) à moins 7 milliards d’euros (ou une valeur négative, vous avez bien lu !), alors que la valeur réelle du Groupe RENAULT en bourse, où les seuls 43,4% de RENAULT dans NISSAN devraient être valorisés 12 milliards d’euros, soit 75% des 16,7 milliards d’euros du cours actuel de bourse, lourdement sous-valorisé, avec des cours autour de 52€ contre 100€ en mars 2018 et plus de 70€ avant l’arrestation de M. Ghosn en novembre 2018.
Ce qui veut dire que la vraie valeur du Groupe RENAULT est au bas mot de 32 à 40 milliards d’euros (NISSAN 12Mds€, RCI 8Mds€, Daimler 1Md€, RENAULT 11 à 19Mds€), soit 2 fois plus que Fiat FCA(17,8Mds€) !
Comme vous l’avez tous compris ici, certains journalistes sont donc en train de vous vendre une ‘fusion entre INÉGAUX’, inégaux pour au moins 5 raisons
1/ Le groupe FIAT FCA est au bord de la faillite et ne pourra pas faire face seul au défi des nouvelles énergies propres, pour lesquelles ils ne se sont PAS DU TOUT préparés
2/ Le groupe FCA accuse un retard d’investissement en R&D et gamme d’au moins 10 milliards d’euros sur le groupe RENAULT
3/ Les valorisations boursières actuelles ne valorisent pas du tout RENAULT à sa juste valeur. Ce serait donc l’équivalent de vendre des technologies exceptionnelles et des ingénieurs et techniciens remarquables du groupe en solde…
Et ceci rappellerait tristement la SINISTRE décision de S. TCHURUK à la tête d’ALCATEL, se mariant avec ATT au bord de la faillite et du gouffre, pour laisser au final les Américains au pouvoir (Pat Russo) et finir par perdre son leadership et son indépendance mondiale, pour laisser ALCATEL et ses brillants ingénieurs et techniciens être rachetés quelques années après, à vil prix, par.. NOKIA…
Ainsi que le risque énorme pesant sur un CHAMPION français ESSILOR, qui s’est précipité dans les bras de LUXOTTICA, groupe italien, avec actionnaire familial fort, qui veut aujourd’hui dévorer tout crû le groupe français centenaire…
Mais aussi la perte du champion mondial LAFARGE Ciment, avalé par son concurrent suisse-allemand HOLCIM, alors que l’ancien PDG de LAFARGE avait vendu ce projet, qui a fait perdre plus de 12.000 emplois de cadres et de dirigeants à la France, comme une ‘fusion entre égaux’, évidemment un piège. Cela vous rappelle-t-il quelque chose ?
Mais ce n’est pas tout, le groupe USINOR-SACILOR, fruit de plus de 50 milliards d’euros de subventions et de fusions successives organisées par l’État français, donc des souvent des énarques regardant de trop haut et ne connaissant que peu de choses à l’économie, a été donné au groupe familial MITTAL, d’origine indienne, sans que les administrateurs de l’État français ni les ministres ne se battent pour conserver ce fleuron industriel et les emplois qui y sont liés…
4/L’actionnariat, en cas de fusion à valeurs de parité (totalement contraire aux vraies valeurs et à la valorisation réelle du Groupe RENAULT) produirait une prise de contrôle de fait de FIAT, dès la départ à la retraite de M. JD SENARD, avec, en cas de négociation et en cas de parité, 15% des parts dans les mains de la famille AGNELLI (John ELKANN, 30% FCA aujourd’hui) contre seulement 7,5% à l’État français, qui a toujours été un actionnaire PASSIF, et 7,5% à Nissan, ce qui, de plus, affaiblirait le groupe RENAULT, qui aujourd’hui est à seulement 6,61% de la majorité absolue chez NISSAN (50,01%).
5/ Après la mise à l’écart brutale de Carlos GHOSN, patron visionnaire et génial, malgré certains de ses traits de personnalité, le groupe RENAULT se trouve aujourd’hui affaibli au niveau du management avec une équipe qui n’a pas la même expérience ni de l’automobile, ni du travail avec le partenaire clé de l(Alliance RENAULT-NISSAN, donc NISSAN lui-même, ni avec une vision claire de toutes les usines du groupe et du marché mondial…
D’où l’urgence à RENFORCER l’ALLIANCE RENAULT-NISSAN-MITSUBISHI et à ne pas se lancer dans des projets aventureux avec un mauvais partenaire au bord de la faillite, FCA… Donc surtout pas de rapprochement avec Fiat, qui viendrait non seulement pomper les technologies françaises et japonaises, mais de plus prendre le pouvoir, de façon indue, en risquant de sacrifier à suivre plus de 30.000 emplois en France…
Il faut donc renforcer les forces de ce groupe, qui peut encore progresser vers une meilleure intégration et des échanges avec créations de valeurs des deux côtés et sur leurs 5 marchés-clés (Europe, Chine, Japon, Amérique du Nord, Asie) où les deux géants de l’Alliance sont présents…
Auteur : François VALLET
Pour approfondir votre vue du secteur automobile, nous vous proposons d’acheter directement auprès de ce site les ouvrages de Patrick BORD, dans la collection Eco de BNE Éditions (20€ en version PDF, 30€ en version papier) :
– « La revanche des Peugeot »
– « Libérez les motoristes »
» Le Défi NISSAN » (inédit, à suivre après validation par auteur)
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.