Jacques CHIRAC est né le 29 novembre 1932 , fils d’Abel-Louis CHIRAC et de Marie-Louise VALETTE. Ses deux grands-pères étaient des instituteurs devenus directeurs d’école, dits à l’époque ‘hussards noirs de la République’, Louis-Joseph CHIRAC (1868-1937) à Brive-la-Gaillarde, et Joseph VALETTE (1863-1935) directeur d’école à Sainte-Férréol en Corrèze.
Jacques a perdu ses deux grands-pères et sa grand-mère survivante Victorine MOULY (1872-1935) avant l’âge de 5 ans et a été élevé un peu comme un fils unique par ses parents, suite au décès brutal de sa soeur aînée, Jacqueline, avant sa naissance.
Après une année de Math Sup à Louis-le-Grand en 1950-51, il entre à Sciences-Po en septembre 1951, avant de partir pour une année sabbatique aux USA. Là, il tombe amoureux d’une Américaine de Caroline du Sud, Florence HERLIHY et il est à deux doigts de se marier avec elle, projet repoussé à l’époque par leurs parents respectifs…
Un an plus tard, après quelques mois de compagnonnage avec le Parti communiste, il se fiance à Bernadette Chodron de Courdel dans l’appartement de ses parents, le 17 octobre 1953. Elle a 20 ans et est étudiante à Sciences-Po. Lui est âgé d’à peine 21 ans.
Mariés tous deux très jeunes, ils vivront plus de 65 ans ensemble, malgré vents et marées, avec courage et dignité.
Mort à 87 ans et 7 mois (j’inclus, comme les Coréens, les 9 mois de vie intra-utérine, où les Humains vivent déjà), Jacques CHIRAC a toujours eu un physique de cinéma, mangeur de pommes, dévoreur de femmes, fumeur de blondes, amateur de bon vin et de bière, mais aussi de tête de veau et de sumo, cet art martial unique au Japon, flingueur d’ennemis politiques, amoureux du Maroc et des voyages…
Mais, en un demi-siècle de carrière politique, le jeune étudiant de Sciences-Po a aussi construit de nombreuses pages de l’histoire de France, à commencer par ses 2 passages à Matignon
- 1974-1976 sous VGE ou Valéry Giscard d’Estaing.
- 1986-1988 sous la 1ère cohabitation et l’une des meilleures périodes de croissance de la France depuis 1981.
- 1995-2002 : Première Présidence de la République avec Alain Juppé 1er ministre de1995 à 1997, puis Jospin, battu en 2002.
- 2002-2007 : 2ème Présidence réduite à un quinquennat, avec Jean-Pierre Raffarin comme 1er Ministre de2002 à 2005, puis Dominique de Villepin de 2005 à 2007.
Mettons au crédit de Chirac ses bons mots, sa bonne humeur, sa stature de Président aux bras et aux mains longues, sa croissance remarquable des années 1986-1989, cassée hélas par le 2e mandat de Mitterrand. A son crédit aussi son oeil pétillant, son mot ‘abracadabrantesque’ et son amour du Japon, son amour de la vie et des rencontres humaines, son ouverture à tous les Français, quelle que soit leur origine, son duo magnifique avec Bernadette, sa reconnaissance de la rafle du Vel’ d’Hiv’ pendant la 2e guerre mondiale et de la responsabilité de la police de Vichy, son opposition aux extrémismes politiques, et son courage lors de son opposition à la guerre en Irak en2003, à la Tribune de l’ONU.
Humainement, Chirac était un bourreau de travail. Il travaillait beaucoup et dormait peu, faisait des cures de micro-sommeil. Il était à l’écoute, chaleureux, souriant, champion des poignées de main électorales ou autres et des bises, le plus apprécié de tous les présidents de la République par le personnel de l’Élysée.
Mettons aussi à son débit une insuffisance des réformes dont la France avait tant besoin (dont la réforme des retraites), l’absence de serrage des comptes publics et du déficit de la France, la fin du service militaire, qui a hélas marqué la fin du brassage des Français de toutes origines, ciment social du pays. Notons aussi sa folie d’une dissolution ratée de l’Assemblée en 1997, ouvrant la porte à son opposition PS, après la grève ruineuse pour 700.000 entreprises et la France, de l’hiver 1995-96, et avec plus de 120 milliards d’euros de pertes économiques, 72.000 faillites, 350.000 emplois perdus ou salariés licenciés suite aux nombreuses faillites engendrées par cette grève destructrice du moral et de la santé (pollution) des Français… et une croissance molle (faute d’un vrai désendettement et d’investissements + forts ds TPE et PME) entre 2002 et 2007.
Mettons aussi au débit de Chirac et de sa famille politique sa décision, suite à discussion avec Roland Dumas, de soutenir mollement VGE pour sa réélection de 1981, ce qui donnera la victoire de son opposant Mitterrand, et surtout une perte économique pour la France chiffrée entre 1.800 et 3.100 milliards d’euros (dont 210 Mds€ pour le seul scandale du Crédit Lyonnais) par les économistes et surtout.
- 4 dévaluations du FRANC face au DM entre le 10 mai 1981 et fin décembre 1983, où en l’espace de 30 mois, tous les Français perdront 70% de leur pouvoir d’achat face à l’Allemagne, aux citoyens allemands, et à toute l’Europe (sauf Italie)
- en voyant le Deutsche Mark passer de 1,40 FRF le 10 mai 1981 à … 3,40 FRF fin 1983.
- La France qui avait jusqu’au 9 mai 1981 un PIB nettement supérieur à l’Allemagne, va se trouver déclassée en 2 ans et passer derrière son grand concurrent européen et mondial, puis désindustrialisée, pour continuer à perdre des parts de marché décisives et des richesses industrielles, de 1981 à 1995.
Ancien secrétaire d’état dès la fin des années 1960, Jacques Chirac a traversé 50 années de vie publique française, et se trouve être pour beaucoup comme un grand-père que nous aurions perdu, ou un grand arbre de référence sur la place centrale du village, juste à côté du jeu de boules.
Longue vie à toi, mon grand Jacques, et bonne discussion à toi là-haut avec Saint-Pierre !
Vous allez avoir tous les deux beaucoup de choses à vous raconter…
Auteur : François VALLET
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