Tiré des ‘Fleurs du Mal’ de Charles Baudelaire (1821-1867), ce poème est un hommage à une femme aimée mais aussi à la France maritime et ses îles merveilleuses, parcourue par des milliers de voiliers et de marins, qui ont sillonné les mers du monde.
Je lui ai choisi un autre vers de Baudelaire pour titre, ‘Mer odorante et vagabonde’, plus proche des milliards d’êtres humains ayant la mer pour horizon.
A noter la vision prémonitoire de Baudelaire des glaciers d’Arctique et d’Antarctique qui s’écroulent dans le réchauffement climatique, induit par les humains pollueurs :
« Comme un flot grossi par la fonte… des glaciers grondants »
Mer odorante et vagabonde
(Le serpent qui danse)
Que j’aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoile vacillante,
Miroiter la peau !
Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde,
Aux flots bleus et bruns,
Comme un navire qui s’éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain
Tes yeux, où rien ne se révèle
De doux ni d’amer,
Sont deux bijoux froids où se mêle
L’or avec le fer.
A te voir marcher en cadence,
Belle d’abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d’un bâton.
Sous le fardeau de la paresse
Ta tête d’enfant
Se balance avec la mollesse
D’un jeune éléphant,
Et ton corps se penche et s’allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l’eau.
Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l’eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,
Je crois boire un vin de Bohême,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsême
D’étoiles mon coeur !
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