Cet article est en hommage à toutes les ‘Anna’, ‘Anne’, ‘Marianne’, ‘Annette’, ‘Hannah’ et à toutes celles qui portent les prénoms issus des traductions ou diminutifs de Anne, dans toutes les langues du monde, et en particulier à deux de mes filles, Anne-Sophie et Anne-Charlotte, sans oublier la troisième, qui a un prénom de lumière.
Anne a aussi une image de grande sagesse dans les traditions chrétienne, berbère, judaïque et musulmane, et est la mère de Marie, mère de Jésus-Christ, mais aussi la sainte-patronne de la Bretagne. Elle a aussi donné naissance à deux des plus belles églises de la chrétienté : la cathédrale Sainte-Anne d’Apt dans le Vaucluse (84) ou la basilique Sainte-Anne d’Auray, dans le Morbihan (56), construite entre 1866 et 1872, et qui reçoit chaque année plus de 800.000 pèlerins, notamment pour le grand pardon du mois de juillet. Cette basilique a notamment été visitée par le pape Jean-Paul II, le 20 septembre 1996.
Anna de Noailles est née le 15 novembre 1876 à Paris d’un père aristocrate roumain, Grigore Bibescu Basarab Brancoveanu, et d’une mère pianiste, issue de la minorité juive hellénistique de Constantinople (Istamboul), Raluca Moussoros, née Rachel Moshor, à qui le compositeur et pianiste Ignacy Paderewsky (1860-1941) a dédié de nombreuses œuvres de piano.
Polyglotte et lectrice assidue en français, roumain, grec, anglais et allemand, Anna de Noailles est une poétesse, écrivaine, intellectuelle et, avec son mari, Mathieu de Noailles (1873-1942), grande mécène des Arts et des artistes de 1900 à sa mort, en 1933.
Elle a notamment reçu dans son salon parisien Edmond Rostand, Paul Claudel, Colette, Francis Jammes, André Gide, Paul Valéry, Jean Cocteau, Léon Daudet, Maurice Barrès, Frédéric Mistral, René Benjamin, Robert de Montesquiou, Pierre Loti, Paul Hervieu, l’abbé Mugnier, Max Jacob, François Mauriac ou Robert Vallery-Rabot. Elle était aussi amie du futur premier ministre, Georges Clémenceau, dit ‘le Tigre’ (les brigades du Tigre).
Elle fonde en 1904 le prix littéraire de la ‘Vie Heureuse’, qui deviendra le Prix Femina en 1922 avec Jane Delafoy, Julia Daudet, Daniel Lesueur, Séverine et Judith Gautier, filles de Théophile Gautier.
A partir de 1925, elle fréquentera le salon du Dr. Henri Le Savoureux, psychiatre, écrivain et fin lettré, qui accueillera notamment Antoine de St-Exupéry, Bérénice Abbott, Jules Supervielle, Marc Chagall, Henri Régnier, Edouard Herriot, la princesse et femme de lettres Marthe Bibesco, sa cousine, Jean Fautrier, Vladimir Jankélévitch, Paul Morand, Jean Paulhan, René Pleyen, Jacques Audibert, Claude Sernet, Marc Bernard , Francis Ponge, Paul Valéry ou encore l’abbé Arthur Mugnier (1853-1944), chanoine de Notre-Dame de Paris, et confesseur du Tout-Paris, notamment proche de Huysmans, de la comtesse Laure de Chevigné (salon de 1885 à 1914, grand-mère de la mécène Marie-Laure de Noailles) et de Jean Cocteau.
POEME ‘J’écris…’
J’écris pour que le jour où je ne serai plus
On sache comme l’air et le plaisir m’ont plu
Et que mon livre porte à la foule future
Comme j’aimais la vie et l’heureuse Nature.
Attentive aux travaux des champs et des maisons,
J’ai marqué chaque jour la forme des saisons,
Parce que l’eau, la terre et la montante flamme
En nul endroit ne sont si belles qu’en mon âme !
J’ai dit ce que j’ai vu et ce que j’ai senti,
D’un cœur pour qui le vrai ne fut point trop hardi,
Et j’ai eu cette ardeur, par l’amour intimé.
Pour être après la mort encore une fois aimée,
Et qu’un jeune homme, alors, lisant ce que j’écris
Sentant par moi son cœur ému, troublé, surpris,
Ayant tout oublié des épouses réelles,
M’accueille dans son âme et me préfère à elles.
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