‘Impression, soleil levant‘ est certainement le plus connu de tous les tableaux impressionnistes et du mouvement qui a donné son nom ‘impressionnisme’ et sa renommée à la fabuleuse école et créativité des impressionnistes. Dans les années 1870, Claude Monet forme avec Renoir, Degas, Cézanne, Bazille, Caillebotte, Sisley et Pissaro ou encore Berthe Morisot un groupe de peintres qui vont révolutionner la peinture entre 1870 (Napoléon III) et la 3ème République jusqu’en 1914. La plupart sont amis, se connaissent et fréquentent ensemble le café Guerbois (9-11 Grande rue des Batignolles, 17e, aujourd’hui 9, avenue de Clichy, à 50m de la place de Clichy actuelle) où ils croisent aussi des géants de la littérature, tels que Émile Zola ou Victor Hugo. Ils y voient aussi Manet (1832-1883, ‘Le déjeuner sur l’herbe’, ‘Olympia’), Courbet (1819-1877) et Corot (1796-1875), leurs aînés, qu’ils respectent et qui sont déjà pionniers dans la peinture moderne de l’époque. Admiratifs de leur travail, ils vont pousser plus la transcription du soleil et des ombres, cette impression fugace du réel, qu’ils traduisent par des coups de pinceaux frénétiques, transcrivant la lumière, la nature, les prairies ou les humains, telles ces fabuleuses femmes dans une barque, peintes par Monet.
Le tableau ‘Impression, soleil levant’ de Claude Monet peint le port du Havre en 1872, une vue hélas disparue, suite aux terribles bombardements allemands du port du Havre en 1940. Après une très longue enquête, et de nombreux témoignages les historiens et météorologistes en ont eu confirmation : ce tableau a été peint le 13 novembre 1872, autour de 7h35, donc réellement au ‘Soleil levant’.
Ce tableau est au musée Marmottan-Monet, à Paris 16e, près du métro de La Muette (ancien château de la Muette). Mais des tableaux de la même série sont aussi visibles dans le fabuleux musée d’Orsay, où vous trouverez la plupart des impressionnistes : Renoir, Degas, Cézanne, Bazille, Pissaro, Sisley. Et ce tableau est celui qui a attiré l’attention d’un critique d’art le 15 avril 1874, lors de cette première exposition impressionniste de 65 œuvres, dans les ateliers prêtés par le photographe Nadar, rue des Capucines (Couvent des Capucines 1604-1806, construit par Marie de Luxembourg, duchesse et veuve du duc de Mercoeur, selon la lettre patente du Roi Henri IV du 8 juin 1602). En effet, ce jour-là, 29 artistes, dont Monet, Degas, Cézanne, la plupart refusés au salon officiel de l’Académie, décident d’exposer ensemble. Louis Leroy, journaliste critique du Charivari, dans son article critique du 25 avril 1874, qualifie l’exposition d »impressioniste’. Voici ses mots « Impression, j’en étais sûr. Je me disais aussi, puisque je suis impressionné, il doit y avoir de l’impression là-dedans… Et quelle liberté ! Quelle aisance dans la facture ! Le papier peint, à l’état embryonnaire, est encore plus fait que cette marine-là… »
Cet adjectif, qui était à l’origine une ‘pique’ d’un critique, deviendra le nom de leur mouvement dès leur 3e exposition en 1877, tel un clin d’oeil. Les impressionnistes (organisés en SA) feront 12 expositions (1874-1886) et leurs tableaux connaîtront un succès croissant, puis une gloire fulgurante et mondiale.
‘Impression. Soleil levant’ fut vendu par le galeriste Paul Durand-Ruel à un directeur de grand magasin, négociant en tissus et collectionneur, Ernest HOSCHEDE (1837-1891), qui deviendra un ami proche de Claude Monet, pour 800 Francs en 1874. Ce grand mécène et collectionneur, qui fera largement connaître Claude Monet aux États-Unis, fera hélas faillite en 1877. Cette faillite l’obligera à mettre aux enchères les 5 et 6 juin 1878 environ 138 œuvres, puis à liquider l’essentiel de ses biens. Cet immense tableau de Monet sera alors bradé au quart de sa valeur initiale, à 210 Francs. L’acquéreur est Georges de Bellio (1828-1894), mécène fortuné et médecin d’origine roumaine, ami des Impressionnistes. Ce dernier soignait en effet au moins une douzaine d’artistes du groupe et leur achetait des œuvres régulièrement. Sa fille, Victorine Donop de Monchy (née Victorine de Bellio, 1863-1958), fait don en 1940 de toute la collection de Georges De Bellio, son père, au musée Marmottan-Monet, avec 40 œuvres de Monet, et plusieurs de Renoir, Sisley, Pissaro, Berthe Morisot, etc.
Claude Monet, qui a eu 2 fils, Jean (1867-1914) et Michel (1878-1966) avec sa première femme, Camille Doncieux (morte en 1879), tombe amoureux d’Alice Raingo (1844-1911), épouse d’Ernest HOSCHEDE, dont elle a 6 enfants (nés entre 1864 et 1877) probablement en 1875 ou l’été 1876. Ils emménagent ensemble à Poissy (1881-83), puis à Giverny (1883-1911) avec leurs huit enfants. Ernest HOSCHEDE, bien que supposé vivre avec eux, vit principalement à Paris. Un an après le décès d’Ernest Hoschédé, Alice épouse Monet le 16 juillet 1892. Le plus jeune fils d’Ernest et Alice, Jean-Pierre Hoschédé (1877-1961) est le grand-père de Frédérique Hoschedé, dite ‘Dorothée‘, célèbre animatrice de ‘Récré A2 (France 2) puis du ‘Club Dorothée’ sur TF1, de 1978 à 1997 et chanteuse pour petits et grands (25 millions de disques).
Claude MONET, qui acquiert sa propriété de Giverny en 1883, va peu à peu l’agrandir et en faire un paradis, en creusant un bassin, agrandi deux fois et en choisissant un architecte paysagiste pour créer ses jardins, avec pour mission de maximiser les essences et les espèces de fleurs sur chaque espace disponible. Il veut en faire un chef d’œuvre floral, qui lui inspirera un grand nombre de ses toiles, notamment les ‘Nymphéas‘. Monet invite régulièrement ses amis. A l’époque, Monet a 6 jardiniers. Aujourd’hui, douze jardiniers se relaient pour l’entretien et le dynamisme des jardins de Monet, sous la direction de Gilbert Vahé (1976-2018, restaurateur des jardins), puis Jean-Marie Avisard (2018-aujourd’hui), chef jardinier. Vous trouverez dans les jardins de Monet cerisiers, rosiers et des milliers de tulipes multicolores, des dahlias, des iris, des nymphéas, des pommiers et des saules pleureurs. Vous trouverez aussi le pont japonais et les célèbres glycines, des asters, des glaïeuls, des pélargoniums, des marguerites, des capucines et des rudbeckias…
Peintre de ses jardins, Monet aimait aussi beaucoup s’échapper pour peindre la campagne proche en Normandie. De 1883 jusqu’à sa mort en 1926, Monet fut à la fois peintre, architecte de ses fleurs et bassins, mais aussi amoureux de toutes les beautés de la nature.
Après près de 30 années d’abandon, les jardins de Monet à Giverny ont été ressuscités entre 1976 et 2001 par Gérald van der Kemp (1912-2001, ancien conservateur du château de Versailles (1953-1980) et académicien de l’Académie des Beaux Arts, inhumé à Giverny) et sa femme Florence (née Florence Russell Bennett Harris, fortune dans le café), aidés dans leur tâche par de nombreux mécènes américains amoureux de Monet et des impressionnistes.
La Maison de Monet : Elle aussi exceptionnelle, elle accueille la chambre de Monet, les chambres de ses enfants et de sa belle-fille et élève impressionniste Blanche Hoschedé-Monet (1865-1947), qui vivra à Giverny de 1883 à 1897, puis de 1914 à 1926, après la mort de son mari, Jean Monet. La maison offre également de nombreuses reproductions des œuvres de Monet, ainsi qu’une cuisine avec des cuivres et une salle à manger exceptionnelle, ainsi que la collection de Monet en estampes japonaises, qu’il avait constituée pendant plus de quarante ans.
Aujourd’hui, ce lieu d’exception reçoit plus de 500.000 visiteurs par an, venant du monde entier (plus de 150 nationalités) dans cette atmosphère unique. La maison et les jardins de Monet sont la propriété de l’Académie des Beaux-Arts, et ils sont gérés par la Fondation Monet et un académicien, élu par ses pairs pour cette tâche.
Attention : En matière de transport, la SNCF fait des travaux sur les voies normandes menant à la gare de Vernon-Giverny tous les week-ends, du samedi 12h au dimanche 16h. Veuillez donc venir plutôt en voiture ou en bus le week-end, ou venez en semaine, avec un trajet d’environ 1 heure depuis la gare Saint-Lazare. Beaucoup de visiteurs dont moi-même avons été surpris lors de ma récente visite du samedi 13 mai.
François P. VALLET, ESCP EUROPE, collectionneur et amateur des Arts, rédacteur-en-chef Lafranceaudacieuse.fr
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