Premier producteur agricole et agro-alimentaire d’Europe parmi 45 pays, la France méconnaît beaucoup trop souvent ses forces et trop de politiciens professionnels ont repoussé trop souvent les agriculteurs, éleveurs, producteurs de lait, fromagers artisanaux, nuciculteurs, pomiculteurs, viticulteurs, brasseurs et apiculteurs en périphérie des villes et de leur VISION des forces de la France.
Or la France a des atouts extraordinaires :
- Une superficie de près de 650.000 km2 avec la métropole, la Corse, la Guyane, la Réunion, la Martinique, Mayotte, la Guadeloupe, la Nouvelle Calédonie et tous les DOM et TOM
- les plus grands vignobles du monde avec des AOC de grande qualité, principalement à Bordeaux, en Bourgogne, en Champagne, dans les Pays de la Loire, le long du Rhône et en Provence, à Cognac et en Charente, en Armagnac, sans parler de tous les alcools régionaux de réputation internationale ou mondiale
- la 1ère production céréalière de l’Europe des 27, largement exportatrice
- plus de 800 variétés de fromages, dont un grand nombre d’AOP, tels le Saint-Nectaire, le Cantal, le Comté, le Reblochon…
- la première production de betteraves à sucre d’Europe
- la première forêt d’Europe devant les pays scandinaves
- plus de 200.000 entreprises, des grands groupes agro-alimentaires, des coopératives aux PME, TPE et entreprises familiales très variées et créatrices chaque année de nouveaux produits, telles que DANONE, Limagrain, Lactalis anciennement BESNIER (laiteries et fromageries), BEL, Kronenbourg, SOCOPA, Perrier (groupe Nestlé), etc
Mais elle a aussi un immense potentiel en recyclage et utilisation des sous-produits et déchets de l’agriculture, de l’élevage et des activités agricoles et viticultrices.
Ainsi, partie de moins de 200 unités de production de Bio Gaz ou Biométhane en 2007, la France a refait une partie de son immense retard sur l’Allemagne avec en 2024 près de 1.500 unités de production de Biométhane, contre déjà plus de 12.000 installées en Allemagne et un vrai POTENTIEL de 35.000 unités de Biométhane à horizon 2035 et 2040.
Quels sont donc les déchets utilisables dans les centrales productrices de GAZ made in France, renouvelable, Bio, et avec un potentiel de production de 10% des besoins en Gaz de la France dès 2030, en remplacement des Gaz fossiles pollueurs et importés à grand renfort de déficit et de pollution des mers (méthaniers géants de 50 à 400.000 m3) et 15% à 20% d’ici 2040-45 ?
- les fumiers et lisiers, principalement issus des élevages bovins et porcins
- les résidus de culture, tels que les résidus des cultures de betteraves, céréales, maïs, tournesols : paille, fanes, tiges, feuilles
- les cultures énergétiques dédiées telles que maïs, sorgho, herbes, etc…
- les résidus des industries agro-alimentaires, tels que mélasses, drêches (résidus des brasseries), pulpes de betterave, marcs de fruits et de raisins, lactosérum, peaux et os d’abattoirs
- les restes des repas de tous les humains et animaux nourris en France, donc tous les restes des restaurants, cantines et des ensembles hôteliers et campings
- les déchets des parcs et jardins, et notamment toutes les tontes d’herbe, tous les déchets ligneux (tronc, branches, feuilles, fleurs). Par exemple ceux produits par tous les services municipaux des espaces verts et toutes les entreprises de jardinage
- toutes les boues d’épuration et des eaux usées, boues primaires, secondaires et tertiaires, riches en matières organiques, telles que produites dans des entreprises telles que SUEZ, la Générale des Eaux ou la SAUR
- tous les déchets des usines de traitements du papier et des produits papetiers : boues papetières et liqueurs résiduelles
- tous les déchets des industries pharmaceutiques et cosmétiques : résidus organiques issus des fabrications
- tous les déchets municipaux et régionaux organiques : ordures ménagères (épluchures, restes de nourriture)
- déchets des marchés et des grandes surfaces alimentaires : fruits, légumes et fleurs invendus, pourris ou non conformes ou dont la DLP est dépassée
- laitages et produits laitiers invendus : lait, yaourts, fromages ayant dépassé leur DLP
- Papiers et cartons gras, impossibles à recycler
- Tous résidus de traitement des eaux agro-industrielles
- Toutes eaux usées issus de la production de boisson et de la transformation des fruits et légumes
- Tous déchets d’origine animale : carcasses et sous-produits d’abattoirs, graisses, etc
- Tous déchets de poissonnerie et de la pêche
- Toutes algues vertes ou brunes et tous les résidus organiques trouvés sur les plages
- Toutes cultures fourragères, intermédiaires ou couverts végétaux, telles le trèfle, la luzerne, etc..
- Tous déchets de biomasse forestière : résidus de coupe et d’élagage, branchages, aiguilles de pin, feuilles,
- Tous résidus de l’industrie du bois : Écorces, sciure, copeaux de bois
- Micro Algues et macrophytes aquatiques, tels que les lentilles d’eau pouvant être cultivées et utilisées pour la biométhanisation
- Déchets issus des biocarburants : Glycérine, issue de la production des biocarburants
- Marc de café, feuilles de thé et autres résidus issus des industries des plantes alimentaires
La production française de biométhane réinjectée dans le réseau public du gaz, et non autoconsommée par ses producteurs, augmente chaque année de +2% à +15%/an avec 675 unités de biométhane qui produisent 12.200 GWh/an réinjectés à fin mars 2024 et 13 projets de biométhane par pyrogazéification avec une capacité de 736 GWh/an, soit un total de près de 13.000 GWh/an, soit 13 TWh/an. Aux 1500 unités de biométhane opérationnelles, il faut ajouter près de 900 projets en cours de construction ou prévus pour les années à venir avec une capacité d’au moins 14,5 TWh prévue pour 2027.
Pour mieux illustrer la forte progression de l’autonomie de la France en Biogaz, la consommation en France a été de 418 TWh en 2023, ce qui signifie que la production de Biométhane made in France est ainsi passée de moins de 0,2% en 2000 à près de 3% en 2024, soit 13 TWh/418 TWh = 3,11% si la consommation reste stable en 2024 sur la base des 418 TWh enregistrés en 2023.
Grâce aux 56 réacteurs nucléaires construits pour la plupart de 1974 à 1981 sous VGE, la France a une industrie nucléaire et une autonomie énergétique plus forte que ses voisins européens, et que nous envient les Allemands. Ces réacteurs sont à renouveler d’urgence (avec une commande d’au moins 20 réacteurs de nouvelles génération à faire au plus vite) pour les 50 années à venir, pour continuer à jouer un rôle clé en France, avec plus de 350.000 emplois induits.
De même, les unités de Biométhane durable sont essentielles pour l’AUTONOMIE énergétique de la France. La production d’énergies vertes en France, certes de façon plus disséminée et intégrée sur le territoire, a pour valeur ajoutée pour tous les acteurs économiques un remplacement progressif des GES fossiles importés, dont le gaz de schiste américain ou les gaz fossiles venus de Russie, du Vénezuela, du Proche-Orient ou d’Afrique. Effets induits :
- Renforcement de l’industrie des Unités de Biométhane et Green Tech en France
- Baisse du lourd déficit extérieur induit par les importations massives de pétrole et gaz
- Création de valeur ajoutée pour des millions de tonnes de déchets non valorisés en France, soit des dizaines de milliers d’emplois créés et induits (tri, recyclage, logistique, transport, PME expertes en mécanique, électricité, informatique, installation, maintenance)
- Sauvetage grâce aux revenus du Biométhane durable de milliers d’exploitation agricoles grâce à leurs unités de Biométhane partagées et investies en GIE (Groupements d’Intérêts Économiques), souvent en associant 2 à 15 agriculteurs
Si et seulement si les grandes entreprises concernées (Agroalimentaire, traitement des eaux, eaux et boues industrielles, chimie, pharmacie, cosmétiques) et/ou nos dirigeants politiques mettent en place une vraie PRIORITÉ ou investissent de façon massive en unités de Biométhane pour une autonomie énergétique durable en France au plus vite, alors notre pays pourra passer
- de 13 TWh en mars 2024 à 42 TWh de production de Biométhane en 2032, soit 10% d’autonomie en Biogaz durable. Cet objectif signifie une forte accélération et un triplement de la production de Biométhane en 8 ans, de 2024 à 2032.
- puis de 42 TWh en 2032 à 84 TWh en 2045, soit un passage de 10% à 20% d’autonomie en Biométhane et un doublement en 13 ans
Nous estimons aujourd’hui les emplois induits par la filière du Biométhane et ses créations de valeur à environ 15.000 emplois.
Le développement de cette filière industrielle prioritaire pourrait créer dans les 25 prochaines années plus de 85.000 nouveaux emplois durables, portant ainsi cette filière à 100.000 emplois.
Par ailleurs, la France (445 Mt CO2 émises en 2023 pour 69Mh, soit 6,44 t CO2/h), déjà N°2 européen en matière d’efficacité énergétique (réf.1), grâce au nucléaire, pourrait avec le Biométhane et à d’autres Greentech devenir le leader européen en matière d’autonomie énergétique et ainsi dépasser la Suède, très forte grâce à sa filière hydroélectrique.
En synthèse, la filière Biométhane (parfois dite Biomasse) offre plusieurs avantages à la France :
- Une plus indépendance et autonomie énergétique en Biométhane
- Une solution pour l’emploi et la création de richesses durables pour la France des régions
- Un recyclage massif de millions de tonnes de déchets de biomasse aujourd’hui abandonnés ou inutilisés
- La création de plus de 85.000 emplois induits par cette filière avec un immense potentiel également à l’export, où la France a le potentiel de devenir l’un des 3 premiers pays mondiaux en expertise technologique sur cette filière
- La sauvegarde d’au moins 80.000 exploitations agricoles ou viticoles avec de nouveaux revenus sur une hypothèse de 20.000 unités de Biométhane investies par 4 exploitants en moyenne
- Une contribution à l’équilibre de notre balance commerciale, dont le déficit n’a jamais été aussi élevé. Gain potentiel de 10 à 25 Milliards d’euros d’ici 2045
Réf. 1 : https://www.citepa.org/fr/2024_02_a09/
Auteur : François P. VALLET, Coach pour PME et start-ups, Conférencier.
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.